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L'Espagne, le pays des couche-tard

Le rythme de vie, c’est l’une des grandes spécificités de l’Espagne !

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Exception culturelle pour les uns, anomalie historique pour d’autres, le rythme espagnol met tout le monde d’accord sur un point : il est fort déconcertant !

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« La hora es la hora », comme on dit en Espagne… oui, mais l’heure de quoi ?! Y-aurait-il un décalage horaire entre la France et l’Espagne ?

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En Espagne la journée commence entre 8 et 9 heures, donc à peu de choses près comme en France.

En revanche, il y a souvent une première et courte pause vers 11 heures (lors de laquelle les plus gourmands prennent le petit déjeuner qu’ils auront négligé avant de partir !), puis une seconde et grande pause d’environ 2 heures vers 14 heures pour le déjeuner.

La journée de travail recommence vers 16 heures pour ne se terminer que tard dans la soirée : en effet, seulement un espagnol sur 2 est rentré chez lui à 20 heures, contre 4 sur 5 à 21 heures, heure à partir de laquelle il est envisageable de dîner !

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À noter cependant, de plus en plus d’espagnols réclament un raccourcissement de la sieste pour pouvoir boucler leur journée plus tôt : c’est ce qu’on appelle le rythme « intensivo ».

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Par ricochet, il est rare pour un espagnol d’aller se coucher avant minuit.

D’ailleurs la dernière séance de cinéma est souvent aux alentours de 00h30, et les boîtes de nuit ouvrent seulement à 2 heures.

Il n’est pas rare de voir des enfants jouer dans la rue à 23 heures ou des dames âgées discuter sur un banc à 1h du matin !

Côté commerce, les magasins sont en général ouverts de 09 heures à 20 heures, avec une interruption de 13 à 16h environ.

Les administrations sont, elles, généralement ouvertes le matin uniquement, à savoir de 8 heures à 14 heures environ.

AFP 17/10/2013

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Changer d'heure et en finir avec les journées de travail interminables, c'est la proposition de députés en Espagne, mais difficile de bousculer les habitudes d'un pays à l'emploi du temps atypique en Europe.

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Le quotidien d'un Espagnol au travail? "Commencer à 9h du matin, finir à 14h pour aller manger jusqu'à 16h-17h puis recommencer et finir vers 20h: personne ne t'attend à la maison avant 21h!", explique Nuria Chinchilla, directrice du Centre international Travail et Famille de l'IESE Business School.

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Cette manière de couper en deux la journée date de l'après-guerre où beaucoup cumulaient un emploi le matin, un autre l'après-midi, pour subvenir à leurs besoins.

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Un agenda néfaste: "moins de qualité de vie" avec peu de temps en famille, d'où la faible natalité, "des accidents de travail" et "de plus en plus d'échec scolaire" alors que les enfants se couchent tard, détaille l'économiste.

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Il faut revenir à des "horaires rationnels" avec "huit heures pour travailler, huit heures pour se reposer et huit heures pour les activités diverses", plaide Ignacio Buqueras, président de la Commission nationale pour la rationalisation des horaires espagnols, dont le rapport a été approuvé le 26 septembre par une commission parlementaire.

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Son idée, révolutionnaire à première vue: reculer les aiguilles d'une heure pour s'aligner sur les Britanniques.

Car bien que située géographiquement, en grande partie, sur le fuseau du Portugalet du Royaume-Uni, l'Espagne est à l'heure de l'Europe centrale depuis 1942, quand le régime franquiste s'était calé sur l'Allemagne nazie.

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"Le fait que l'Espagne ne soit pas, depuis plus de 71 ans, dans le fuseau horaire qui lui correspond nous fait nous lever trop tôt et dormir près d'une heure de moins que ce qui est recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", estime le rapport.

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De quoi perturber l'horloge biologique: "nous mangeons à 13h, heure solaire, et nous dînons à 20h alors que notre montre indique qu'il est 15h et 22h respectivement" en heure d'été.

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"Nous avons proposé au gouvernement que les 29-30 mars prochains, au moment du changement d'heure, pour la première fois on ne touche pas à l'horloge" pour rejoindre en douceur l'horaire britannique et inciter les Espagnols à manger et dormir plus tôt, dit Ignacio Buqueras, qui milite sur ce thème depuis dix ans.

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Le rapport, que le gouvernement promet d'étudier, propose aussi de "promouvoir la journée continue, avec une pause d'une heure maximum pour le déjeuner, de préférence entre 13 et 14 heures, ce qui enlèverait aussi la nécessité du café dans la matinée", une pause observée vers 11h.

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Mais les modes de vie restent bien ancrés. Selon Ignacio Buqueras, beaucoup d'administrations n'appliquent pas l'obligation d'éteindre les lumières à 18h.

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Parmi les bonnes élèves, la mairie de Madrid où depuis 2010, les employés finissent à 17h contre 19h avant, ce qui a permis "des économies d'environ 30% sur les factures en éclairage et consommation des ordinateurs", raconte Nacho Garcia Salgado, porte-parole.

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Chez les entreprises, le géant énergétique Iberdrola applique depuis 2007 l'horaire 7h15-15h30, contre des journées terminant vers 18h30 avant, et ainsi ses employés ont "l'après-midi libre pour leur vie personnelle", témoigne Angeles Alcazar, responsable de projets sociaux du groupe.

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Depuis "les accidents de travail ont baissé de 10%" et l'entreprise a gagné en productivité en économisant "500.000 heures" d'activité.

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Mais "il reste encore beaucoup à faire", admet-elle car "nous sommes parmi les pays qui travaillent le plus d'heures tout en étant les moins productifs".

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Il faut aussi convaincre les télévisions d'avancer les émissions, films et matches de football, qui démarrent vers 22h-23h.

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Surtout, remarque Angels Valls, chercheuse à l'Institut d'études sur le travail de l'école de commerce Esade, "c'est une question culturelle avec des racines historiques", donc difficile à faire changer.

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Et "le contexte n'aide pas", ajoute-t-elle, dans un moment de crise où "pour des raisons économiques, on réduit les salaires et on rallonge les journées de travail".

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